L’automne sauta sur nous comme un renard. Il y eut une sorte de bond souple qu’on entendit tomber sur la terre au cours d’une nuit. Le lendemain l’automne était là.
Jean le Bleu, Jean Giono1932
Nous sommes enfin définitivement installés à Casaverde, sommairement mais chez NOUS.

Chaque palier de confort est accueilli avec enthousiasme et émerveillement. Au début nous nous douchions en extérieur. L’eau du puits chauffait la journée dans une grosse poubelle (propre !) noire et nous nous abritions dans une tente.
Ensuite l’eau froide est arrivée dans la maison, eau de ville car nous ne récupérons pas encore l’eau de pluie.
Quelle joie de voir couler cette eau dès l’ouverture du robinet.
Ce confort progressif remet un peu « les pendules à l’heure » trop habitués au confort « normal » urbain.
Et depuis peu l’eau chaude aussi est parvenue jusqu’au robinet, chauffée grâce au poêle de masse, qui est notre système de chauffage pour les 3 entités !

Notre poêle de masse, construit par un canadien dans la pièce à vivre non investie à ce jour toujours en travaux, est composé de matériaux accumulateurs, des briques et béton, et pèse 4 tonnes.
Une flambée par jour d’une dizaine de buches de 50 cm. suffit pour produire des fumées très chaudes. La majeure partie de la chaleur, produite par ces fumées parcourt un circuit interne réchauffant les matériaux récupérateurs, diffusera progressivement et principalement par rayonnement.
De plus un serpentin est situé derrière le foyer, dans lequel circule de l’eau qui alimente un ballon et produit donc notre eau chaude.
Au-dessus du foyer un petit four, hâte d’y cuire ma première pizza, et sur chaque coté un banc qui fera le plus grand plaisir aux chats.
Vous m’imaginez sous ma douche chaude en train de chanter O sole mio ! Hé, vous allez bien trop vite…..Pas de salle d’eau juste un point d’eau dans notre future entrée où provisoirement est installée notre petite cuisine. (vive le bois de palette !)
Avec le retour du froid le potager prend ses quartiers d’hiver. Les structures en noisetier, de notre terrain, sont démontées. La serre s’est vidée. Quelques cultures en cours mais moins colorées, choux, poireaux, épinard, blettes.
Il est temps de faire un bilan de ma première saison. Mes premières cultures ont été très gratifiantes. Imaginez une graine qui devient un beau légume ou un beau fruit. Il y a de l’ordre de la magie !
Comment des hommes ont pu imaginer créer des graines (F1) non reproductibles ? Quand nous mangeons nos légumes ou fruits, je prélève les plus belles graines qui l’année prochaine seront à nouveau plantées.
Aucun humain sur terre ne devrait avoir faim.


BILAN:
De belles réussites : les potimarrons red curry (à tutorer car culture envahissante) les tomates cerises, les courgettes, les betteraves, les blettes, les salades, les carottes.
En quantité insuffisante : les haricots verts (chers chez le maraicher donc culture intéressante) les pommes de terre (consommation importante familiale).
Planter ou semer trop tard : les tomates de plusieurs variétés, les aubergines, les melons, les pastèques.
Faire plus de semis pour les cultures d’hiver.
Les ratés : les patates douces, les concombres.

Ce bilan m’aidera pour le potager de l’année prochaine.
Pour tendre vers le chemin de l’autonomie je me suis lancée dans plusieurs modes de conservation.
Confitures, pratique déjà habituelle, des légumes en saumure, en lactofermentation et des stérilisations de tomates, de coulis, de houmous de betteraves, de plats cuisinés et de gâteaux.
Le stérilisateur a été récupéré sur le trottoir et les bocaux achetés d’occasion en ligne ou en brocante.
Pour éviter de consommer du gaz, un foyer à bois avait été installé en extérieur, constitué de briques trouvées sur le terrain ou données par mon voisin. C’est un petit stock qui ne sera pas suffisant pour tout l’hiver, mais un petit pas est un pas de plus en avant.

Cet été a été riche en couleurs, en convivialité familiale et de voisinage, en rebondissement (emménagement de notre fils ainé et de sa femme), et en culture mais celle-ci nourricière de l’esprit.
Dans notre village l’année dernière nous avions assisté à la pièce « Le lait de Marie » de Jérôme Robart, jouée dans la salle municipale. Moment d’intense émotion sur la vie d’une nourrice morvandelle partie sur Paris.
Cette année, troublée par la situation sanitaire, le projet d’un festival de théâtre a dù être reporté.
Toutefois Jérome Robart a lu le livre de l’Homme qui plantait des arbres de Jean Giono en plein air. Ce fut un moment très agréable. Une perle de poésie, de fraicheur et d’humilité.

Ce texte de 1953 est un manifeste écologique, humaniste et politique, qui a raisonné en nous. Histoire d’un Homme, Elzéard Bouffier qui a trouvé un fameux moyen d’être heureux ( L’homme qui plantait des arbres, Jean Giono, page 29, Ed. Gallimard 1983 ) qui plante jour après jour, gland après gland, des arbres et fait ressurgir une forêt, collines où l’exploitation humaine avait créé le désert.
En même temps que l’eau réapparut réapparaissaient les saules, les osiers, les prés, les jardins, les fleurs et une certaine raison de vivre.
L’ homme qui plantait des arbres, Jean Giono1953
Ca bouge dans notre village de 172 âmes !!
Au mois de décembre nous penserons fort à ce Elzéard.
Nous allons repiquer 15 arbres fruitiers et 15 arbres de petits fruits rouges. Nous avons obtenu l’aide du conseil régional. Et dans la cour, pour nous apporter de l’ombre en été seront plantés un pauwlaunia et un tilleul symbole incontestable d’une résurrection. ( L’homme qui plantait des arbres, Jean Giono, page 31, Ed. Gallimard 1983 ).
Et pour terminer cet article je partage avec vous l’honneur de CASAVERDE d’être refuge de la Ligue de Protection des Oiseaux. Des nids et boules de graisse sont à disposition des oiseaux et notre forêt sera interdite de chasse.

Prenez soin de vous Ciao a presto


